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Aider son enfant à mieux vivre les déceptions

Dernière mise à jour : 21 mai 2021

La déception est le résultat d’une envie non satisfaite, d’un rêve non réalisé ou d’une attente non comblée. Elle s’accompagne de toute une palette d’émotions : frustration, colère, tristesse, déni, etc. Nous connaissons des déceptions tout au long de notre vie, mais c’est dans l’enfance que nous en rencontrons le plus. Un enfant est un rêveur, qui voit tout en grand. Son monde magique, où tout est possible, n’a pas de limites. Son petit cerveau immature prend souvent l’imaginaire pour la réalité et ne lui permet pas encore de contrôler ses pulsions, de freiner ses envies et de gérer les émotions en cas de déception. C’est un peu comme si la vie disposait devant nous toutes sortes de tentations toutes plus alléchantes les unes que les autres et nous interdisait d’y toucher. Cruel, n’est-ce pas ? Même à l’âge adulte. Alors que dire pour un enfant… Les premières déceptions apparaissent très tôt, à l’âge d’un an l’enfant rencontre les premiers interdits et commence à développer progressivement des mécanismes d’adaptation (de l’angl. coping mechanisms) qui lui permettront de progressivement bâtir sa résilience et développer son adaptabilité qui lui serviront toute sa vie. Mais le chemin prendra du temps, demandera des efforts et de la patience. Il faudra à l’enfant des années pour devenir un adulte mature, pleinement résilient et facilement adaptable, et l’attitude de ses parents jouera un rôle prédominant dans les futures capacités émotionnelles de l’enfant. De nombreuses études montrent ainsi qu’un enfant qui n’a pas appris à faire face aux déceptions dans les premières années de sa vie développera souvent « une allergie à la déception » et vivra très mal les événements décevants qui surviendront dans sa vie adulte. Ces capacités de résilience sont d’autant plus importantes que la vie est pleine de déceptions : un bébé d’un an qui ne peut pas obtenir un bonbon, un enfant de 8 ans qui n’est pas invité à un anniversaire, un adolescent qui rate son Bac ou connait sa première déception amoureuse, un adulte qui échoue à un entretien d’embauche, etc. En tant que parents et adultes, nous devons transmettre à nos enfants une leçon que l’on pourrait résumer ainsi : « La déception fait partie de la vie. J’ai vécu des déceptions, j’en vivrai d’autres, il y aura toujours des choses qui ne se passeront pas comme je le souhaite. Mais, quoi qu’il arrive, je sens en moi la force et le courage de surmonter les échecs et les épreuves qui se dresseront sur ma route ». Ainsi, le but pour les parents n’est pas d’enlever tous les obstacles du chemin de leur enfant en essayant de rendre sa vie facile et fluide, mais de l’outiller pour qu’il sache de façon autonome faire face aux événements de la vie, heureux comme malheureux. Je vous propose ici une technique en 5 étapes toutes simples afin de vous apprendre à accompagner votre enfant lors des moments décevants de sa vie. L’avantage de cette technique que j’appelle « Mirroring » ou « Mise en miroir » est qu’elle fonctionne très bien avec les enfants de tous les âges. Je vous la présente ici de façon très simple mais sachez qu’il y a derrière elle de nombreuses recherches qui ont toutes démontré à quel point la bonne écoute et la compassion font des miracles avec le cerveau humain en lui permettant de manière séquentielle de s’apaiser, de rebondir, d’accepter la réalité (résilience) ou de trouver rapidement des solutions (adaptabilité). Je l’applique quotidiennement avec mes propres enfants, et de nombreuses familles que j’ai accompagnées l’ont adoptée et m’ont témoigné de son efficacité. Les étapes sont très simples, elles peuvent néanmoins être difficiles à appliquer et demanderont de l’entraînement. Entraînez-vous régulièrement et vous verrez des progrès et des effets positifs très rapidement. 1. Restez calme C’est la principale clé du succès. La déception peut être très difficile à vivre pour l’enfant et provoquera souvent chez lui des réactions fortes et des colères excessives. Votre calme lui permettra de s’aligner sur votre état émotionnel et de réguler plus rapidement son émotion. Quels que soient la conduite, les paroles ou les gestes de votre enfant, gardez votre calme, soufflez, respirez, isolez-vous, chantez, écoutez de la musique, sentez une fleur, faites ce que vous pouvez mais gardez votre calme. 2. Verbalisez son émotion Si vous connaissez la source de la déception de votre enfant, aidez-le à mettre les mots là-dessus. En mode « commentateur sportif », commentez à voix haute ce qui se passe. « Je sais, tu voulais vraiment aller à cet anniversaire ». « Oh, chéri, tu voulais tellement continuer à regarder le dessin animé ». « Ce bonbon a l’air vraiment bon, tu es déçu de ne pas pouvoir le manger tout de suite ». Pour un enfant plus jeune, quelques mots de soutien pourront suffire : « Oui oui, je sais. Tout va bien. Maman (papa) est là ». Avec un enfant plus grand, vous pouvez poser des questions pour l’aider à verbaliser son ressenti. Formuler sa pensée à voix haute et partager sa souffrance avec quelqu’un qui comprend permet de vider le sac émotionnel de moitié et calme rapidement le cerveau. Souvent cette seule étape permet de régler complètement la situation. 3. Réconfortez-le Exprimez de l’empathie pour ce qu’il vit. Vous pouvez lui dire : « Je sais que c’est dur pour toi chéri(e) », « Je comprends ce que tu ressens ». Là, il y a de fortes chances que l’enfant, submergé d’émotions, vous crie « Tu n’en sais rien ! Tu n’as aucune idée de ce que je vis. Arrête ! Pars ! » ou « Je n’ai pas envie de t’entendre ! » C’est souvent là que les parents, excédés par le manque apparent de respect, perdent patience et se laissent envahir à leur tour par les émotions. Or, c’est précisément à ce moment-là que votre enfant a le plus besoin de vous. Sachez avant tout que cette réaction de rejet et les mots forts sont tout à fait naturels et concernent 90% des enfants. Le problème n’est pas votre enfant mais la difficulté générale des enfants à se maîtriser quand les choses ne vont pas comme ils le souhaitent. Faîtes donc votre maximum pour rassembler toutes vos ressources et garder votre calme. Retenez les réprimandes et répétez-lui simplement : « Je vois que tu es frustré, tu as probablement envie d’être seul. Je ne suis pas loin, si tu as besoin de me parler, je suis dans le salon ». L’enfant sait qu’il agit mal, simplement, à ce moment précis, il est incapable de faire autrement. Si vous restez calme et bienveillant, il reviendra rapidement vers vous. Et plus cette scène se répétera, plus l’enfant intégrera le message qu’il peut compter sur vous, même quand il n’est pas au meilleur de sa forme. 4. Laissez-le trouver des solutions tout seul ou apprendre à lâcher prise Pour les plus petites déceptions, vous n’aurez pas à aller jusque-là. Le plus souvent votre présence bienveillante aura permis à l’enfant d’accepter la réalité et de passer à autre chose. Si la situation peut être changée ou résolue, demandez à votre enfant s’il a des idées pour résoudre le problème, s’il voit des solutions. Montrez-lui que vous lui faîtes confiance : « Oui, mon cœur, nous avons dû annuler ton anniversaire à cause du confinement. Mais tu trouveras peut-être des solutions pour voir tes copains autrement ? Veux-tu qu’on cherche des solutions ensemble ? » Soutenez-le mais laissez-le être acteur principal de la situation. Stimulez sa créativité et ses initiatives mais n’imposez pas vos solutions. 5. Montrez-lui qu’il peut toujours compter sur vous Tout être humain a besoin de soutien dans des moments difficiles. Témoigner une acceptation inconditionnelle à votre enfant aujourd’hui c’est vous assurer qu’il se tournera vers vous (et non pas vers quelqu’un d’autre) lorsqu’il rencontrera des difficultés plus tard dans la vie. Montrez-lui par votre présence, le ton de votre voix et votre regard que vous avez de l’empathie pour ce qu’il vit, que vous comprenez et que vous êtes prêt à l’accepter dans ses meilleurs mais aussi dans ses pires moments. 3 choses à ne pas faire face à la déception de votre enfant : 1/ Ne cherchez pas à corriger la situation à la place de votre enfant S’il est ouvert au dialogue, vous pouvez le questionner, l’aider à prendre du recul sur la situation, à relativiser. Vous pouvez lui redonner du courage en lui ramenant à la mémoire des situations du passé où il a réussi à surmonter un moment difficile. Mais ne courez pas au magasin pour racheter un jouet cassé et ne lui proposez pas du chocolat s’il est déçu par son goûter. Si la situation ne peut être changée, laissez-le faire le deuil de la situation calmement et à son rythme. Laissez-le aller au bout du processus d’adaptation. Il en a besoin pour développer de nouvelles connexions neuronales, premiers circuits de la résilience. 2/ Si la déception provient d’un interdit posé par vous, maintenez la limite En gardant des limites stables et prévisibles, vous permettrez à votre enfant de les intégrer plus facilement et rapidement. Il est déçu de ne pas pouvoir manger son dessert avant le repas ou de ne pas jouer à son jeu vidéo alors que tous ses copains sont en ligne ? Réexpliquez avec un sourire la règle de la maison et donnez-lui la liberté de « pleurer » son émotion. La clé ici est encore une fois de rester constant et calme. Ainsi, ce qui est vécu aujourd’hui comme une déception, deviendra demain une normalité à laquelle l’enfant ne prêtera plus attention. 3/ Ne lui interdisez pas de pleurer et d’exprimer ses émotions Le seul interdit concerne la violence physique. Votre enfant doit savoir que c’est ok de pleurer, même de crier, mais que taper ou menacer c’est le feu rouge absolu. Expliquez calmement à votre enfant que vous comprenez que c’est difficile et que s’il en a besoin, il peut dessiner sa colère ou taper dans un coussin. La déception de votre enfant lui appartient. N’en faîtes pas une affaire personnelle. Votre rôle n’est pas de résoudre les problèmes à sa place mais de l’accompagner dans ce processus de maturation émotionnelle. J’aime la phrase de Gordon Neufeld qui dit : « Si votre enfant ne rencontre pas de petits nuages aujourd’hui, il traversera de grosses tempêtes plus tard ». Autrement dit, les petites frustrations de l’enfance, lorsqu’elles sont bien accompagnées, permettent d’armer l’enfant de capacités nécessaires pour confronter les événements difficiles de la vie. Chaque nouvelle déception vécue de façon positive et constructive renforce le courage et la confiance de l’enfant qui apprendra progressivement à faire face aux aléas de la vie, saura prendre du recul sur la réalité de la vie parfois difficile, trouvera en lui des ressources nécessaires pour surmonter les difficultés. Vous rencontrez une problématique similaire ? Ne restez pas seuls. Pour réserver une consultation sur la thématique de la gestion des émotions chez votre enfant ou pour avoir un échange téléphonique gratuit de 20 minutes, n’hésitez pas à me contacter par téléphone, email ou en remplissant le formulaire dédié sur mon site. Je serai ravie de vous aider. Par Elena Goutard, Coach parental

 

Coach parental, diplômée en psychologie du développement de l’enfant et maman de 4 garçons, Elena Goutard accompagne les familles dans son cabinet et à distance.


Elle aide les parents qui rencontrent des dysfonctionnements dans leur vie familiale, mais également ceux qui aspirent à une vie de famille plus sereine et souhaitent éduquer leurs enfants avec respect et bienveillance.


Elle publie régulièrement des articles sur la parentalité, l’éducation, le développement de l’enfant et de l’adolescent, les émotions et la discipline, les défis de la parentalité à l'ère digitale, le burn-out parental et la surcharge mentale des parents.


Infos et prise de RDV

Tel : 06 06 53 53 62

email : elena.goutard@gmail.com

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