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"Mon enfant ne m’écoute pas !"Ma technique pour susciter la coopération


Nous avons tous été là, n’est-ce pas ? Vous appelez votre enfant à table et n’entendez aucune réponse, ou bien vous lui rappelez que c’est l’heure des devoirs et votre enfant fait comme s’il n’avait rien entendu. On en déduit le plus souvent que l’enfant n’écoute pas ou n’obéit pas intentionnellement. En réalité, en réfléchissant ainsi, nous projetons notre raisonnement adulte sur le comportement de l’enfant. Or, les raisons de cette apparente désobéissance ou défiance sont souvent différentes.


Il existe trois principales raisons pourquoi l’enfant peut donner l’impression de ne pas écouter.


1/ Il n’entend vraiment pas

Nous savons que les enfants vivent dans l’instant présent. Plus l’enfant est petit, plus tous ses sens seront absorbés par son activité du moment. Vous pouvez donc parler, répéter, même crier, l’enfant risque de ne pas vous entendre.


2/ Ce qu’il est en train de faire est plus important pour lui que ce que vous avez à lui dire

Nous oublions toujours que l’agenda de l’enfant est différent du nôtre. Nous voulons qu’il vienne à table, qu’il aille se brosser les dents, qu’il fasse ses devoirs ou range sa chambre…bref, qu’il écoute et surtout qu’il OBÉISSE ! Le problème est que l’enfant peut avoir d’autres projets. Et comme tout être qui se respecte, il suit ses envies et résiste à ce qu’on lui impose.


3/ Il n’écoute pas volontairement

Il arrive aussi que la désobéissance soit le signe d’un problème dans la relation. Il peut s’agir d’une petite dispute comme d’un conflit plus durable, voire chronique. Dans les deux cas, il est important de rétablir la relation avant de mettre l’accent sur la coopération.


Je vous propose ici une technique en 4 étapes que j’ai mise en place pour favoriser la coopération des enfants quel que soit leur âge. Extrêmement efficace avec les plus petits, elle fait des merveilles auprès des ados rebelles. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle respecte les besoins de l’enfant.


Voici les 4 étapes :


1. C – Connexion


Pour vous assurer que votre enfant vous a entendu, rien de tel qu’une immersion totale dans son monde. Le fait que l’enfant ait répondu Hm-Hm ou Oui-oui, ne veut pas dire qu’il vous a vraiment entendu. Si l’enfant ne répond pas ou que vous sentez que son attention est ailleurs, approchez-vous, rentrez dans son champ de vision, captez son attention en vous intéressant à ce qu’il fait. Dites : « Wow, j’adore ce château de Playmobil, on dirait un vrai ! » ou « Ton dessin est vraiment très beau. Les traits sont plus nets, les couleurs mieux assorties, on voit que tu as beaucoup progressé en dessin » ou encore : On peut finir ce livre ensemble ? Tu me racontes le début ? Et je te lis la fin, tu es d’accord ? ».


2. D – Demande


Une fois que l’attention de l’enfant est captée et la connexion établie, reformulez votre demande. Dites : Je sais que tu aimerais continuer à jouer (dessiner, lire, etc), mais c’est l’heure du repas (des devoirs, tâches ménagères, départ pour l’école…) et tout le monde t’attend.


3. E – Empathie   


Il y a peu de chances que votre enfant court avec joie et à la seconde même faire ce que vous lui demandez. Il va sans doute dire Non, résister ou essayer de négocier. C’est là qu’il aura besoin de votre écoute et de votre compréhension. Essayez de comprendre ce que vit l’enfant. Il a le droit de se sentir déçu et frustré. C’est un peu comme si vous étiez en train de terminer un dossier hyper important ou de regarder la partie culminante d’un film, et que votre conjoint éteignait brusquement la télé et vous disait de passer à table immédiatement. Vous seriez frustré, en colère même ! Il est en de même pour votre enfant. Si votre enfant est fâché ou cherche à négocier, essayez de voir la situation avec ses yeux, que ressent-il ? Essayez de le rejoindre dans son émotion. Ecoutez. Montrez que vous comprenez. Dites-lui « Je vois que tu es frustré (déçu, fâché) et je sais que tu aurais adoré continuer à jouer, mais c’est vraiment l’heure de passer à table ». Plus l’enfant verra que vous êtes sincère et que vous comprenez, plus facilement il répondra à votre demande.


4. S - Solution


Vous pouvez ensuite lui proposer une solution ou faire du brainstorming pour trouver une solution ensemble. « Et si tu mettais ton jeu en pause ? Comme cela, après avoir mangé et fait tes devoirs, tu pourras reprendre aussitôt. » ou « Tu sais, si tu prends ton déjeuner très vite, il te restera du temps pour jouer ». Avec les enfants plus grands, proposez-leur de trouver leur propre solution : « Hum, je vois que tu veux finir cette BD, que proposes-tu pour pouvoir t’y remettre au plus vite ? »


Quelle que soit la situation, votre implication dans la recherche d’une solution montrera à l’enfant que vous respectez son univers et tenez compte de ses émotions.


CONSEILS ET PRECAUTIONS


1/ Surveillez le ton de votre voix et l’expression de votre visage. Plus vous semblez pressé, énervé, plus l’enfant vous résistera. Nos cerveaux sont câblés par la nature pour résister à la pression. Tenez-en compte.Usez de la tendresse et de la douceur. Les enfants sont des êtres doux et vulnérables mais dotés d’une volonté de fer. Il est quasiment impossible de forcer un enfant à obéir par pression ou par la force. Et on y arrive jusqu’à un certain âge uniquement. Essayez d’obliger un adolescent à faire quelque chose contre sa volonté. Dispute garantie. Prenez donc de bonnes habitudes et développez de bons réflexes dès maintenant.


2/ Anticipez. Pour faciliter les transitions, accordez à votre enfant un temps pour terminer son activité. Pour cela, prévoyez 5-10 minutes supplémentaires avant l’heure souhaitée et informez l’enfant. Ces quelques minutes lui permettront soit de terminer tranquillement son activité, soit de faire le nécessaire pour la terminer plus tard. La transition se fera plus facilement et avec moins de stress si vous avancez votre planning de quelques minutes.


3/ Ne répétez pas 10 fois la même chose. Si vous répétez la même demande plusieurs fois, votre demande se transforme en un bruit de fond auquel on ne prête plus attention. Si votre enfant n’a pas réagi à votre demande, retournez au point 1, établissez la connexion.


4/ Prenez la situation en charge. Parfois un enfant est tellement absorbé par le jeu, qu’il aura besoin qu’on le « sorte » littéralement de son monde. Observez votre enfant. Si vous sentez qu’il est trop pris par son activité, que son esprit est trop absent pour vous répondre, approchez-vous, tout en lui parlant doucement, prenez-le tendrement par la main et amenez-le là où vous voulez (à table, se préparer pour l’école, se brosser les dents, etc.). N’oubliez pas de lui montrer que vous comprenez que c’est dur pour lui (« Ton jeu a l’air passionnant, je sais que tu n’as pas envie de partir, mais c’est l’heure, je vais t’aider). Et s’il pleure ou crie, aidez-le à se calmer en le prenant dans les bras ou en essayant de le distraire (« Tu sais, tes chaussettes marrons me rappellent vraiment les poules de papy »).  


La prochaine fois que votre enfant refuse de coopérer, passez en revue puis appliquez les 4 étapes une à une. Chaque famille étant différente et votre enfant unique, à vous d’adapter la séquence et le contenu des étapes dans chaque situation. Mais en pratiquant régulièrement, cette technique deviendra une habitude et donnera aux autres, pas seulement vos enfants mais aussi votre conjoint ou vos collaborateurs, l’envie de vous suivre.


Par Elena Goutard, Coach parental

 

Coach parental, diplômée en psychologie du développement de l’enfant et maman de 4 garçons, Elena Goutard accompagne les familles dans son cabinet et à distance.


Elle aide les parents qui rencontrent des dysfonctionnements dans leur vie familiale, mais également ceux qui aspirent à une vie de famille plus sereine et souhaitent éduquer leurs enfants avec respect et bienveillance.


Elle publie régulièrement des articles sur la parentalité, l’éducation, le développement de l’enfant et de l’adolescent, les émotions et la discipline, les défis de la parentalité à l'ère digitale, le burn-out parental et la surcharge mentale des parents.

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